Au recto du disque, Samuel Hasselhorn écoute une petite boîte à musique dont il remonte le mécanisme, métaphore de la vielle de ce Leiermann qui semble accompagner le poète tout au long du voyage initiatique où Schubert compose son autoportrait.
Le narrateur, c’est lui, et c’est lui, ses doutes, ses enthousiasmes, sa joie solaire et ses douleurs abyssales que Samuel Hasselhorn fait entendre dans son grand baryton dont il éclaire les timbres à dessein : le poète est jeune, comme Schubert lui-même.
L’écriture qui regarde si souvent vers l’aigu aura destiné le cycle d’abord aux ténors, d’Aksel Schiøtz à Ernst Haefliger en passant par Fritz Wunderlich. Samuel Hasselhorn retrouve leur fraîcheur, les mots à fleur de lèvres et de cœur, faisant entendre l’assise de son baryton dans les remerciements du maître pour aussitôt dire la réponse de la Meunière en falsetto : quel Am Feierabend !, qui fait paraître soudain un petit théâtre des sentiments, et rapproche le Schubert d’Hasselhorn de celui d’Hermann Prey.
Tout ici possède le naturel suprême de l’artifice le plus savant, celui justement qui ne se voit plus, et le piano si juste et si présent d’Ammiel Bushakevitz n’y est pas pour peu.
Belle entrée pour le bicentenaire à venir (2028), avec cette Meunière qui l’aura atteint l’an passé.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Die schöne Müllerin, D. 795
Samuel Hasselhorn, baryton
Ammiel Bushakevitz, piano
Un album du label harmonia mundi HMM902720
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Photo à la une : le baryton Samuel Hasselhorn – Photo : © DR