La Radio Bavaroise penserait-elle exhumer, poco a poco, tout le legs que Bernard Haitink, qui ne fut jamais le directeur musical de son orchestre – en Allemagne, Dresde leur ravira sa baguette – lui consentit ?
Aujourd’hui à nouveau, Bruckner, demain Chostakovitch ; ces captations en concert illustrent la volonté inflexible de Bernard Haitink : son répertoire de cœur, il l’entendrait avec chacune des formations qu’il dirigeait régulièrement hors de son cher Concertgebouw, Londres, Munich, Vienne, Boston ; pour Bruckner, la Radio de Munich était à la fois confirmation de ses propres intentions, et défi.
Pourrait-il glisser son art dans ceux d’Eugen Jochum, de Rafael Kubelik ? Et face à la phalange de la Radio, le Philharmonique faisait entendre déjà alors les orgues de Sergiu Celibidache.
De la mystique transcendantale du Roumain, Bernard Haitink n’a cure. Sa Septième sera fluide jusqu’à l’irréelle, pastorale jusqu’à l’ingénue, et soudain absolument tristanesque. La barque funéraire de l’Adagio, portée pas ces cors du Crépuscule sur une eau si noire, ne s’oublieront plus à qui les aura entendus.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107 (version 1885, Nowak Edition)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink, direction
Enregistré les 19 et 20 novembre 1981
Un album du label BR-Klassik 900218
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Photo à la une : le chef d’orchestre Bernard Haitink, en 2007, à Santander – Photo : © EFE