Qu’est devenu le ténor de la tragédie lyrique au Romantisme ? De son saisissant baryténor (allez, formons le « registre » !), Michael Spyres répond avec le grand air du Joseph de Méhul : l’héroïsme vocal. Beethoven le teindra vite d’ombres, et comment ne pas saisir dans l’élan, l’articulation, la primauté du mot de théâtre sur l’émotion de la note de ce « Gott ! » ce qui, au sein même d’une révolution (et sans lendemain : Fidelio n’aura pas de postérité, ovni !), dit assez de cette Pangée née en France, et y rester.
Le continent lyrique va virer à l’héroïque. À ce titre, regret : chez Wagner, que Michael Spyres n’ait pas poussé jusqu’à Siegmund, même hors cadre de ces années de l’apogée du Romantisme qu’illustre si justement le Leicester rossinien (chanté ici avec un art de l’émotion si rare) ou le Masaniello d’Auber face à l’horreur du massacre.
Polyglotte parfait, chanteur stylé avant même d’être ce phénomène vocal qui ressuscite un continent perdu, Michael Spyres peut adosser son art à celui des Talens Lyriques et de Christophe Rousset : ils arpentent, de Charles Gounod à Louise Bertin, cet autre âge d’or, sachant tout ce qui, d’un autre monde, s’y mire encore.
LE DISQUE DU JOUR
Airs d’Étienne Méhul (1763-1817), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Gioacchino Rossini (1792-1868), Giacomo Meyerbeer (1791-1864), Carl Maria von Weber (1786-1826), Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871), Gaspare Spontini (1774-1851), Vincenzo Bellini (1801-1835), Heinrich Marschner (1795-1861) et Richard Wagner (1813-1883)
Michael Spyres, ténor
Jeune Chœur de Paris
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction
Un album du label Erato 5054197879821
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Photo à la une : le ténor Michael Spyres – Photo : © Marco Borrelli