Flûte, hautbois, viole ? Non. L’original pour clavecin seul. Non, deux clavecins et l’ajout ici ou là des autres cordes pincées du théorbe, voire de la guitare baroque de Thibaut Roussel. Ce troisième musicien, Laurence Boulay et Françoise Lengellé ne l’avaient pas osé, pionnières qui révélaient cette version des Concerts Royaux à deux claviers, réalisée dans l’esprit que Gaspard Le Roux préconisait, lui qui incitait ses interprètes à aménager ses œuvres pour deux clavecins. Il faut bien admettre que les quatre Concerts pour Louis XIV sont magnifiés par cet arrangement brillant qui achève de les mettre résolument à part du Troisième Livre.
La foison des ornements, la vitalité irrépressible des danses, le tendre et le vif intimement liés dans les deux beaux instruments que touchent Pierre Gallon – dont j’ai tant goûté les premiers albums pour L’Encelade – et Matthieu Boutineau se teintent de nuances archaïques, non seulement lorsque le luth ou la guitare paraissent, mais tout du long du recueil qui se teinte d’une dimension poétique que les fastes des versions à consort auront trop gommée. Derrière les danses et les airs, tout un monde finissant va vers son crépuscule, celui-là même qu’illustre le recto du disque.
LE DISQUE DU JOUR
François Couperin (1668-1733)
Les Concerts Royaux
(version à deux clavecins)
Premier Concert en sol
Second Concert en ré
Troisième Concert en la
Quatrième Concert en mi
Pierre Gallon, clavecin
Matthieu Boutineau, clavecin
Thibaut Roussel, théorbe (second Concert), guitare baroque (quatrième Concert)
Un album du label harmonia mundi HMM902725
Acheter l’album sur le site du label harmonia mundi ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : les clavecinistes Pierre Gallon et Matthieu Boutineau –
Photo : © harmonia mundi