Bruckner fut toujours l’un des objets favoris de l’art de Stanisław Skrowaczewski, orchestre affuté, pupitres qui attaquent, aucun pathos mais une tension agogique implacable.
Finalement, il aura gravé toutes les Symphonies à Sarrebruck, fixant un modèle pas si éloigné que cela des lectures drastiques du jeune Günter Wand ou du geste objectif d’Eliahu Inbal, une certaine modernité en sus.
L’intégrale européenne n’aura pourtant pas totalement capturé sa vision du Ménestrel de Dieu, trop univoque, trop démonstrative ; pour entendre la poésie élégiaque comme la fureur cosmique dont il paraît ses interprétations au concert, immergez-vous dans la soirée du 21 janvier 2016, où il dirige son orchestre japonais, le Yomiuri.
Une fois entendue, cette Huitième Symphonie fulgurante ne s’oublie plus, ardente, visionnaire, violente, quasi mahlérienne dans son final dantesque, d’une si sombre tension dans l’Allegro initial, quelle belle nouvelle pioche dans le catalogue Denon effectuée par MDG, mais que l’éditeur allemand n’en reste pas là : avec la même phalange, les Symphonies No. 0, 4, 5, 7 et 9 sont tout aussi saisissantes.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 8 en ut mineur, WAB 108
Yomiuri Nippon Symphony Orchestra, Tokyo
Stanisław Skrowaczewski, direction
Un album de 2 CD du label MGD/Denon MDG6502307
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Photo à la une : le chef d’orchestre Stanisław Skrowaczewski –
Photo : © DR