Le programme du disque doit être pris à revers. Commencez par la Suite-Divertissement (1929). Alexandre Tansman s’y régale de son art des fusions : éléments baroques, rythmes de danses (de cabaret et de village), une polka mutine qui lutine les timbres pour le Scherzino (on croit voir l’ami Charlie Chaplin), un Modéré un peu Poulenc, la partition parle cet esperanto de l’entre-deux-guerres typique de la syntaxe Tansman, dont il s’évade d’un coup de génie : écoutez le Nocturne.
La Deuxième Sérénade (1937) n’est pas si éloignée des fantaisies de la Suite, mais une inquiétude perce derrière ses mètres assez jazzy, impossible de ne pas l’entendre au long de l’Introduction et du Nocturne. Le motorisme du Scherzo, fiévreux avec ses ostinatos typiques, n’y échappe pas, parenthèse qui ne laisse pas croire possible le poème en triptyque du Final, cette Danse polonaise qui est l’un des bijoux de la musique de chambre de Tansman.
En 1946, les trois mouvements vifs du Deuxième Trio pour cordes montrent à la fois une constante dans les procédés d’écriture et une radicalisation dans le propos : Tansman s’engage sur la voie de son ultime manière, cette abstraction lyrique dont l’Élégie délivre le premier poème.
Les demoiselles du Tansman Trio n’osent peut-être pas assez lorsqu’elles sont entre elles, mais que Tomasz Ritter paraisse pour la Suite et les voilà emportées. Je réitère : commencez par la fin, qui chronologiquement est le début.
LE DISQUE DU JOUR
Alexandre Tansman
(1897-1986)
Trio à cordes No. 2
Sérénade No. 2 pour violon, alto et violoncelle
Suite-Divertissement, pour violon, alto, violoncelle et piano
Tomasz Ritter, piano
Tansman Trio
Un album du label DUX Records 2014
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Photo à la une : le compositeur Alexandre Tansman –
Photo : © DR