Testament ?

Bouclant son Opus 72, Tchaïkovski songeait-il à dire adieu à son piano ? Pas plus à son orchestre avec Casse-noisette qui avait précédé le recueil : des liens indestructibles se tissent entre le ballet et la suite de vignettes, on danse beaucoup au long de ces dix-huit pièces qui forment un irrésistible grand carnaval avec en numéro 9 Un poco di Schumann.

Le cycle est une absolue merveille qui se suspend soudain pour un Chant élégiaque beau comme un Nocturne de Chopin avec une pointe de Liszt dans sa seconde partie, Tchaïkovski le faisant suivre justement par une Mazurka titrée « Un poco di Chopin ». La boucle est bouclée, ces « souvenirs » font de ce cycle un tendre chef-d’œuvre que les Russes et les Ukrainiens ont sur la console de leurs pianos, toujours à portée de main, sachant quel livre de trésors y dort.

Evgenia Rubinova, dont j’avais tant goûté l’album Prokofiev (CAvi-Music), emporte le cycle dans son piano agile et diseur, raffinant le grand orchestre que Tchaïkovski y a dissimulé avec art. Tout chante, tout danse, les polyphonies élégantes, le perlé et l’ampleur, tout y est, au point que je me demande s’il ne faut pas commencer à apprivoiser le piano de Tchaïkovski plutôt ici, et par ce disque, qu’avec Les Saisons, ce qui ne m’empêche pas d’espérer qu’Evgenia Rubinova leur rendra bientôt visite.

LE DISQUE DU JOUR

Piotr Ilitch Tchaïkovski
(1840-1893)
18 Pièces pour piano,
Op. 72, TH 151

Evgenia Rubinova, piano

Un album du label Genuin Classics GEN24880
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Photo à la une : la pianiste Evgenia Rubinova – Photo : © Harald Hoffmann