Sans paroles

Sol Gabetta l’a voulu. Quitte à enregistrer l’œuvre pour violoncelle de Mendelssohn avec en coda la Romance sans paroles en ré majeur, elle suscitera auprès de quatre compositeurs des miroirs à l’idée du « lied ohne Worte ». Le second disque de cette généreuse entreprise les rassemble, chacun trouvera son œuvre favorite, les trois Lieder d’Heinz Holliger, si surprenants, si radicaux, remportent pour moi la palme.

Surprise, pour le disque Mendelssohn, qui est une ébouriffante réussite, Sol Gabetta joue le Suggia qu’elle aura monté de cordes en boyaux filées d’acier, Bertrand Chamayou se régalant du clavier d’un immense Blüthner (225 cm), vif et puissant à la fois.

Le spectre de couleurs et de dynamiques sera une révélation pour le « Sturm und Drang » des Sonates, en sonorités magiques, discours fusant, touches capricieuses, décidément les deux opus sont à part dans la littérature du violoncelle romantique. Les entendre aussi brillamment enlevés leur donne une seconde jeunesse qui suffirait à commander l’acquisition de cet album inventif jusque dans le giocoso des Variations, petite merveille trop peu enregistrée.

LE DISQUE DU JOUR

Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Variations concertantes en ré majeur, Op. 17, MWV Q 19
Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en si bémol majeur, Op. 45, MWV Q 27
Assai tranquillo en si mineur, MWV Q 25
Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en ré majeur,
Op. 58, MWV Q 32

Lied ohne Worte en ré majeur, Op. 109, MWV Q 34
Jörg Widmann (né en 1973)
Lied ohne Worte
Heinz Holliger (né en 1939)
Lieder ohne Worte II (3 extraits : No. 3. (…fern…) ; No. 6. (…sam) ;
No. 5. (Flammen…Schnee) – arrangements pour violoncelle et piano)

Francisco Coll (né en 1985)
Dialog ohne Worte
Wolfgang Rihm (né en 1952)
Lied ohne Worte
Verschwundene Worte

Sol Gabetta, violoncelle
Bertrand Chamayou, piano

Un album de 2 CD du label Sony Classical 194399340028
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Photo à la une : la violoncelliste Sol Gabetta – Photo : © DR