Choisir, Paavo Järvi s’y refuse et d’abord entre quoi et quoi ? Probablement entre le Bruckner âpre, carré, défendu par le jeune Günter Wand, par Eliahu Inbal, et la spiritualité de Jochum, du Wand tardif.
Non, son Bruckner, qu’il aura d’abondance dirigé au Japon où l’emprise de Takashi Asahina est demeurée certaine, s’incarne d’abord dans les couleurs sombres de la Tonhalle, dans ses cors d’Alpes si singuliers. Un orgue certes, mais qu’il saura faire fuser dans l’envol ouvrant le Final, avec cette timbale qui relance tout l’orchestre.
Qui faisait ainsi ? Karajan, et qui modelait avec tant de nuances sans jamais perdre la ligne les longues phrases de cordes, vaisseau immobile, de l’Adagio, allant vers ce forte aveuglant comme une éclipse. Karajan encore.
Je l’ai déjà écrit pour leur Septième, Paavo Järvi, dont Bruckner est l’oxygène, aura trouvé à Zürich l’orchestre idéal : cette Huitième, dont l’écoute suspend le temps, le confirme, commandant que l’intégrale soit menée à terme.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 8 en ut mineur, WAB 108 (version Novak 1890)
Tonhalle-Orchester Zürich
Paavo Järvi, direction
Un album du label Alpha Classics 987
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Photo à la une : le chef d’orchestre Paavo Järvi – Photo : © Kaupo Kalda