Un grand texte de Picander destiné à Bach est le point de départ de la passionnante reconstruction imaginée par Alexander Grychtolyk pour donner vie à ce Passionoratorium demeuré inachevé, esquissé, son incomplétude autorisant le chef à créer au fond un nouvelle Passion dans le sillage de la seconde version de la Passion selon Saint Jean.
Rien d’apocryphe pourtant, toute la musique de complément est prise dans les œuvres sacrées du Cantor (alors que les pages originales restent d’attribution encore incertaines, et affichent parfois un ton galant qui surprend, comme le premier air de Johannes), l’assemblage crée une célébration doloriste que magnifie une équipe de chant finement appariée, dominée par le clair ténor si expressif de Daniel Johannsen, à la fois évangéliste et apôtre.
L’habileté de la proposition fait entendre toute la poésie du texte de Picander, l’œuvre possède une teinte nostalgique spécifique, qui la rapproche plus de la Saint Matthieu que de la Saint Jean, les couleurs fondus d’il Gardinello où résonne le hautbois enchanté de Marcel Ponseele, accroissant le pouvoir d’émotion d’un enregistrement aussi intrigant que touchant.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Passionsoratorium,
BWV Anh. 169 (reconstruction : Alexander Grychtolik)
Miriam Feuersinger,
soprano (Zion)
Jana Pieters, soprano (Maria)
William Shelton,
contre-ténor (Die Seele)
Daniel Johanssen, ténor (Der Evangelist/Johannes)
Tiemo Wang, basse (Jesus)
Jonathan Sells, basse (Petrus)
il Gardellino
Alexander Grychtolyk, direction
Un album de 2 CD du label Passacaille PAS1152
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Photo à la une : le chef d’orchestre Alexander Grychtolyk –
Photo : © Hartmurt Hientzsch