Quel baryton pour Fauré, les aèdes façon Camille Maurane ou Gérard Souzay (jeune, de préférence) ? Stéphane Degout a choisi l’autre camp, celui des diseurs chenus, Endrèze, Panzéra surtout avec lequel il partage cette diction gorgée d’harmoniques, ce timbre sombre qui sait s’emporter à l’aigu (écoutez leur Horizon chimérique respectif), cette ardeur du mot qui ignore l’affectation, mais sait débusquer la poésie si difficile du Jardin clos, propriété habituelle des mezzos, de Claire Croiza à Noémie Pérugia, cette voix si naturellement noire qui saisit toutes les ambiguïtés de La Bonne Chanson.
Sommet du disque – autant que L’Horizon chimérique dont La mer est infinie laisse espérer qu’un jour proche Stéphane Degout s’immergera dans le cahier des Duparc – Mirages, musique immobile sur les poèmes blancs de Renée de Brimont, jamais mieux compris depuis Irma Kolassi.
Merveille !, la Ballade où Alain Planès, si éloquent tout au long de ce disque admirable, ose un discours ému porté par ce Pleyel diseur, ah!, si, sur ce beau clavier, il enregistrait tout le piano de Fauré, quelle joie ce serait.
LE DISQUE DU JOUR
Gabriel Fauré (1845-1924)
Poème d’un jour, Op. 21
La Bonne chanson, Op. 61
Ballade en fa dièse majeur,
Op. 19
Le Jardin clos, Op. 106
Mirages, Op. 113
L’horizon chimérique, Op. 118
Stéphane Degout, baryton
Alain Planès, piano
Un album du label harmonia mundi HMM902382
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Photo à la une : le baryton Stéphane Degout – Photo : © Lucien Fortunati