Céleste

Le geste de Sir Simon Rattle, si fluide, si intemporel, m’a toujours saisi chez Bruckner. Cet allégement des timbres, ces phrasés flûtés, cette absence de pathos vont d’évidence au cœur de la Septième Symphonie, sa favorite, qu’il avait déjà illustrée dans cette apesanteur à Birmingham.

Il ne fait pas autrement avec ses Londoniens, le geste est toujours aussi cursif, les phrasés allégés dressent un orchestre vertical comme les tuyaux d’un orgue, sans jamais tonitruer : la nuance vers le piano semble la règle, même dans les Allegros, elle fera de l’Adagio un songe à peine trouble, musique intemporelle.

Surtout, comme cela chante, les bois et les cordes s’écoutant dans un concert chambriste aux teintes souvent crépusculaires. Tant de poésie efface évidemment tout pathos, tout excès, rappelant qu’une grande part de l’art de Bruckner pourrait se reconnaître autant dans celui de Schubert que dans celui de Wagner.

Cette épure bouleverse, après des versions tout aussi révélatrices des Quatrième (Rattle en propose deux éditions) et Sixième. Serait-il en train d’enregistrer une intégrale ?

LE DISQUE DU JOUR

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107 (version 1881-1883)

London Symphony Orchestra
Sir Simon Rattle, direction

Un album du label LSO Live LSO0887
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Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Simon Rattle, à la tête du LSO, au Festival d’Aix-en-Provence en 2021 – Photo : © Vincent Beaume