D’une danse l’autre

Le piano impressionniste, ce lieu par excellence de la couleur, Saskia Giorgini l’a déjà illustré dans son album Respighi où elle accompagnait Ian Bostridge.

Sur un grand Bösendorfer boisé, elle trouve les chemins du mystère debussyste. La touche est pure, l’harmonie profonde, les phrasés très dits pour les deux Arabesques, le splendide Nocturne, ne s’effaceront pas au long des chefs-d’œuvre en triptyque qu’elle regroupe avec art.

C’est le cœur même du laboratoire Debussy, le lieu des audaces sous le masque de l’innocence, de la diffraction de l’harmonie par l’excuse picturale, tout ce modernisme dans une palette de peintre, elle l’effuse avec une rigueur embellie par la poésie d’un toucher assez inouï.

La bacchanale pleine d’embruns de L’Isle joyeuse semble répondre à l’allégresse de la Tarentelle styrienne, manière d’encadrer l’exposition de ces toiles majeures par deux danses.

Disque d’une beauté troublante, si bien enregistré, j’image déjà sous ses doigts inventifs les haïkus des Préludes, les rêveries des « suites », les feux d’artifice des Etudes, puisse-t-elle m’exaucer.

Regret, que le minutage très plein ne lui ait pas autorisé les trois Images oubliées.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Danse (Tarentelle styrienne), CD 77
2 Arabesques, CD 74
Nocturne en ré bémol majeur, CD 89
Pour le piano, CD 95
Estampes, CD 108
Images, 1ère série, CD 105
Images, 2ème série, CD 120
L’Isle joyeuse, CD 109

Saskia Giorgini, piano

Un album du label Pentatone PTC5187206
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Photo à la une : la pianiste – Photo : © Christine Reichling