Schwanengesang avait précédé (voir ici), manière de garder pour l’ultime disque l’ensemble cohérent, abouti, qui dirait tout et de Schubert et de ce que le chanteur peut en faire. André Schuen ne commence pas sous ce fatum qui noircissait l’univers dès que Dietrich Fischer-Dieskau s’appropriait Gute Nacht.
Il y ose au contraire de la douceur, semble se souvenir de l’invite si simple qu’y faisait toujours Hermann Prey, façon d’ouvrir une porte sur un tragique qui viendra peu à peu, et les hallucinations aussi dès Wetterfahne, mais sans charger, des spectres effacés, qui viendront mordre à temps : quelle Corneille après la désillusion de Die Post, l’épure de Der greise Kopf.
Le presque rien de Täuschung est vraiment d’un aède, la gravité sereine de Die Nebensonnen, la lassitude du Leiermann, évoquée aussi par le piano poète de Daniel Heide, l’autre héros de ce cycle, tout cela laisse espérer que le clair baryton d’André Schuen poursuivra chez Schubert : c’est son monde, mieux, il est ce monde.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Winterreise, D. 911
André Schuen, baryton
Daniel Heide, piano
Un album du label Deutsche Grammophon 4861288
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Photo à la une : le baryton André Schuen – Photo : © Christoph Köstlin