Intériorité

La cathédrale de la Cinquième Symphonie, ses vaisseaux de colonnes, son orchestre jamais autant orgue qu’ici, inclinent au mysticisme. Eugen Jochum à Ottobeuren, avec le Concertgebouw a réglé la question, Lahav Shani le sait bien, et regarde ailleurs.

L’intériorité de son geste, délesté de tout effet, ne cherche pas l’élévation mystique, sa spiritualité est plus diverse, il entend derrière le vaisseau de pierre un lyrisme tout romantique, ose même dans le Scherzo accentuer les ländler, convoquant soudain des paysages carinthiens, et rend infiniment fluide l’Adagio, ne s’en tenant pas à l’indication « sehr langsam » qui dans tant de versions rend le temps plus lourd que lent.

Sommet de cette lecture cursive, l’éclairage fusant qui illumine le Finale, élève l’immense double fugue.

Cette interprétation qui avance inexorablement dit assez quel brucknérien singulier est ce jeune homme. Se serait-il engagé avec son orchestre de Rotterdam dans une intégrale ? Après sa lumineuse Septième Symphonie (voir ici), cette Cinquième semble l’indiquer.

LE DISQUE DU JOUR

Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 5 en si bémol majeur, WAB 105

Rotterdam Philharmonic Orchestra
Lahav Shani, direction

Un album du label Warner Classics 5054197792014
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Photo à la une : le chef d’orchestre Lahav Shani –
Photo : © Marco Borggreve