Nelson Goerner revient à la Sonate en si mineur, opus essentiel parmi ses premières armes discographiques. Voici bien quinze ans, il s’y engageait tout feu tout flamme, aujourd’hui il gourme son jeu léonin, souligne les sous-textes littéraires faustiens, parle au lieu de batailler. Admirable changement de cap déduit de la nature même de sa sonorité, devenue somptueuse, captée dans sa plénitude par Hugues Deschaux.
Parler, c’est d’ailleurs l’objet de cet album admirable, le pianiste l’ayant indiqué dès les Sonnets de Pétrarque où l’on croit entendre un baryton en plus du piano. Quel art de timbrer ! Et quel petit diable s’amuse dans la Deuxième Valse oubliée, cette pointe de souffre est assez inimitable.
Deux bis après la Sonate. Les perles de La leggierezza, pour une fois, ne sont pas qu’un décor, Nelson Goerner les rapproche des dictions des Sonnets, rend leur écho palpable, c’est d’un magicien, qui se fera diabolique pour une 6e Rhapsodie d’anthologie, panache, caractère, embardée, chant noir pour le lassu où s’évoque le cymbalum, il y a du Horowitz dans ce numéro de grande illusion.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Liszt (1811-1886)
Années de pèlerinage II, S. 161 (3 extraits : No. 4. Sonetto 47 del Petrarca ; No. 5. Sonetto 104 ; No. 6. Sonetto 123)
Valse oubliée No. 2 en la bémol majeur, S. 215/2. Allegro vivace
Sonate en si mineur, S. 178
La leggierezza (No. 2, extrait des « 3 Études de concert, S. 144 »)
Rhapsodie hongroise No. 6 en ré bémol majeur, S. 244/6
Nelson Goerner, piano
Un album du label Alpha Classics 1036
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Photo à la une : le pianiste Nelson Goerner – Photo : © Marco Borggreve