Etrange partition : pour Loie Füller et le Théâtre des Arts de Robert d’Humières, Florent Schmitt dût réduire son orchestre à une vingtaine d’instruments, lui qui venait de faire éclater un effectif pléthorique, orgue compris, pour son Psaume. La pantomime imaginée par la danseuse aux voiles demandait de toute façon une sorte de musique muette propre à envelopper l’évanescence de ses danses. Schmitt écrivit donc un long commentaire sans beaucoup de relief : il faut attendre la Danse de la terreur pour que soudain son génie éclate. Ce geste ultime sera augmenté dans la Suite de ballet de 1910 pour grand orchestre, autrement fascinante.
Alain Altinoglu fait tout ce qu’il peut pour créer des images sonores capable d’évoquer le mimodrame, direction élégante, suggestive, à l’égal de celle de Julien Masmondet et de ses Apaches ; elle ne saurait donner le relief qui manque à ce long exercice.
Magnifique le Chant élégiaque où le plus sombre de l’orchestre de Schmitt entoure le beau violoncelle de Philipp Staemmler, mais refermant cet album utile, je songe à ce que Alain Altinoglu et ses Francfortois feraient d’Oriane et le prince d’amour, du Palais hanté, de la somptueuse Légende avec saxophone obligé…
LE DISQUE DU JOUR
Florent Schmitt (1870-1958)
La Tragédie de Salomé, Op. 50 (version originale 1907)
Chant élégiaque, Op. 24
Ambur Braid, soprano
Philipp Staemmler, violoncelle
Orchestre Symphonique de Francfort
Alain Altinoglu, direction
Un album du label Alpha Classics 941
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Photo à la une : le chef d’orchestre Alain Altinoglu –
Photo : © Marco Borggreve