Revenus des ombres

Mazette !, la Marche en ré et les Trois Pièces pour orchestre dirigées par Hans Weisbach ! L’American Bruckner Society est parvenue à retrouver le microsillon de l’improbable label Family Records qui conserve l’un des rares témoignages repérés de l’art de ce brucknérien essentiel, compromis par l’emprise du parti nazi.

Jusque-là quelques fragments de Symphonies m’étaient parvenues, assez pour déterminer le fort caractère de sa direction qu’illustrait déjà le deuxième acte d’un Tristan et Isolde viennois. Evidemment, ces pages mineures ne font qu’augmenter la frustration, en cela aussi, elles sont précieuses, ravivant l’espoir de voir exhumer des gravures inconnues.

Du caractère disais-je, c’est la marque de fabrique des captations, disques (enfin ma version préférée de la Messe en ré, celle de Karl Foster et des Berlinois, un Electrola oublié) ou concerts, réunies au long de ces trois premiers double-albums qui suivent peu ou prou l’ordre chronologique des œuvres. Des raretés comme les « symphonies d’études » ou un Psaume par des brucknériens oubliés ou méconnus, Kurt Wöss, Henry Swoboda, Dean Dixon, et pour la Nullte, rien moins qu’un inédit absolu d’Eduard van Beinum !

Je crois rêver, mais l’impérieuse Première Symphonie par Eugen Jochum en concert avec ses Bavarois le 1er janvier 1959 ajoute soudain l’exceptionnel au rare. La Deuxième à Cologne par son frère Georg Ludwig est tout aussi splendide, avec ses paysages carinthiens infinis, et quelle surprise d’entendre pour la Romantique Volkmar Andreae ardant les Munichois, ce feu ! porté par un orchestre supérieur à celui (les Wiener Symphoniker) dont il disposa pour son intégrale Amadeo.

Pourtant le sommet de ces premières livraisons reste la gravure d’Hans Schmidt-Issertedt et de ses Hambourgeois. On en connaissait jusqu’à présent un enregistrement monophonique datant de 1953 (microsillon Allegro Royal, rare), le concert du 12 décembre 1966, somptueusement capté, le surpasse, et rappelle à quel point il fut un brucknérien de première force, marginalisé par le rayonnement des enregistrements discographiques d’Eugen Jochum.

LE DISQUE DU JOUR

Bruckner from the Archives
Volume 1

CD 1
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie en fa mineur,
WAB 99

Bruckner Orchestra, Linz
Kurt Wöss, direction

Marche en ré mineur, WAB 96
3 Pièces pour orchestre, WAB 97
Wiener SymphonikerHan Weisbach, direction

Psaume 112, WAB 35
Wienerakademie KammerchorWiener SymphonikerHenry Swoboda, direction

CD 2
Ouverture en sol mineur, WAB 98
WDR Symphonierorchester KölnDean Dixon, direction

Symphonie No. 1 en ut mineur, WAB 101 (version Linz, édition Nowak)
Symphonierorchester des Bayerischen RundfunksEugen Jochum, direction

Quatuor à cordes en ut mineur, WAB 111
Quatuor Koeckert

Un album de 2 CD du label SOMM Recordings 5035-2 (Série Ariadne)
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Bruckner from the Archives
Volume 2

CD 1
Anton Bruckner (1824-1896)
Messe No. 2 en mi mineur, WAB 27
Chor der St. Hedwigs-Kathedrale BerlinBerliner PhilharmonikerKarl Forster, direction

Symphonie en ré mineur, WAB 100 « Die Nullte »
Concertgebouw OrchestraEduard van Beinum, direction

CD 2
Symphonie No. 2 en ut mineur, WAB 102
WDR Sinfonieorchester KölnGeorg Ludwig Jochum, direction

Un album de 2 CD du label SOMM Recordings 5027-2 (Série Ariadne)
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Bruckner from the Archives
Volume 3

CD 1
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 1 en ré mineur, WAS 103
NDR Symphonie-OrchesterHans Schmidt-Isserstedt, direction

CD 2
Symphonie No. 4 en mi bémol majeur, WAB 104 « Romantique »
Münchner PhilharmonikerVolkmar Andreae, direction

Un album de 2 CD du label SOMM Recordings 5027-2 (Série Ariadne)
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Photo à la une : une caricature du compositeur Anton Bruckner,
par Otto Böhler – Photo : © DR