Ce que le pianiste se jouerait pour lui-même, matin puis soir. Parcours libre donc pour Fazil Say, qui nous invite à le suivre quitte à être parfois désarçonné. Sa Mort d’Isolde est si singulière qu’on n’y reconnaîtra pas Liszt le pianiste ayant posé son univers sonore comme un calque afin d’être au plus près de Wagner. Pourtant, c’est bien le texte de Liszt qu’il joue.

Cette façon de dire pourra agacer chez Scarlatti, chez Bach, chez Brahms, mais pas là où on attendrait le plus d’écart. Beau Clair de lune, parfaite Asturias d’Albéniz, deux exemples parmi bien d’autres.

Sa Sonatine de Ravel est assez miraculeuse et pourtant très libre, histoire de couleurs, de murmure dans un Modéré fascinant. Il ose jouer Ravel « con espressione », et se le chante ainsi, on peut l’entendre. Poursuivra-t-il chez le musicien du Belvédère ?

Autre moment à marquer d’une pierre blanche, cette Sonate de Carl Philipp Emmanuel Bach qui ouvre l’album, ces deux Gnossiennes de Satie, jouées très levantines (ce n’est pas un hasard), la Berceuse de Chopin, moments à glaner sans forcément respecter l’ordre des deux disques, à chacun son parcours, la liberté du maître de maison y invite.

LE DISQUE DU JOUR

Morning
Evening

PARTIE 1
Œuvres de Carl Philipp Emmanuel Bach, Louis-Claude Daquin, Domenico Scarlatti, Wolfgang Amadeus Mozart, Joseph Haydn, Frédéric Chopin, Johann Sebastian Bach, Fazil Say, Claude Debussy, Piotr Ilitch Tchaikovski, Isaac Albéniz

PARTIE 2
Œuvres de Enrique Granados, Erik Satie, Claude Debussy, Frédéric Chopin, Franz Schubert, Johannes Brahms, Richard Wagner, Maurice Ravel, Leoš Janáček, Robert Schumann

Fazil Say, piano

Un album de 2 CD du label Warner Classics 5054197936074
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Photo à la une : le pianiste Fazil Say – Photo : © Fethi Karaduman