Philologique ?

Plus encore que la copie d’un Streicher viennois de 1868 signée Paul McNulty pour Ronald Brautigam ou le Stradivarius Mara auquel Christian Poltéra reste fidèle sans aller jusqu’à le monter de cordes en boyau, c’est la lecture si précise, surtout révélatrice dans la complexe Sonate en fa majeur, avec ses jeux de timbres, l’exactitude de ses accents et de ses articulations sans oublier la palette de nuances, qui offre à cette nouvelle proposition un ton si philologique.

L’automne de la sombre Sonate en ré mineur, son caractère de lied, s’en trouve amplifié mais c’est confirmer le visage classique, connu, d’une œuvre qu’aucun violoncelliste ne peut affaiblir. Il suffit de chanter, Christian Poltéra y ajoute des mots malgré le jeu un peu sec, trop droit de Ronald Brautigam.

Les deux amis se retrouveront plus unis dans l’appassionato, les divagations lyriques, les audaces de la Sonate en fa majeur, le pianoforte littéralement dans l’archet du violoncelle.

Cette fusion produit une lecture serrée, d’une puissance quasi beethovenienne. Admirable simplement, comme les pièces de Schumann placées entre les deux Sonates, contes savoureux où Ronald Brautigam laisse le primus au violoncelle : Christian Poltéra y dessine des personnages hofmanniens, faisant le cycle plus noir qu’à l’accoutumée.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Sonate pour violoncelle et piano No. 1 en mi mineur,
Op. 38

Sonate pour violoncelle et piano No. 2 en fa majeur,
Op. 99

Robert Schumann (1810-1856)
Fünf Stücke im Volkston,
Op. 102

Christian Poltéra, violoncelle
Ronald Brautigam, piano (copie Streicher)

Un album du label BIS Records 2427
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Photo à la une : le violoncelliste Christian Poltéra –
Photo : © Irene Zandel