Darius Milhaud, dans une autre mouture de son Bœuf sur le toit, invite un violon, prolongement de la musique aux improbables relents de Brésil que le compositeur destinait à l’illustration sonore d’un film de Chaplin.

Gidon Kremer et Riccardo Chailly en ont tiré une version si proche de la musique finale pour le ballet de Cocteau qu’y manquaient les abrasions, les concerts de chats, qui font du Bœuf un peu plus qu’une fantaisie, un petit bijou moderniste où Alexandra Soumm glisse l’épatante cadence signée Honegger, piment supplémentaire à la direction très épicée dont Benjamin Levy assaisonne ses Pelléas.

Rien que pour ce Bœuf, le disque vaut qu’on s’y enivre, mais la Bourrée fantasque dans l’orchestration alerte (les sabots sont oubliés, c’est tant mieux) de Thibault Perrine (pour les Pelléas) est une réussite comme le premier enregistrement mondial de la version de Tzigane selon l’Edition Ravel – somptueuse entreprise – qui rend encore plus sensible l’emprise inspiratrice de Jelly d’Aranyi, accentuant cette tziganerie dont Alexandra Soumm se régale.

Impeccable, la Symphonie en ut majeur de Bizet clôt de manière un peu classique un concert qui aurait gagné à inviter un autre pied-de-nez : la Rapsodie nègre de Poulenc aurait fini d’atomiser ce Paris en folie.

LE DISQUE DU JOUR

Paris est une fête

Darius Milhaud (1892-1974)
Cinéma-fantaisie, pour violon et orchestre, Op. 58b « Le bœuf sur le toit » (cadence : Arthur Honegger)
Emmanuel Chabrier (1841-1894)
Bourrée fantasque (orchestration sur les esquisses du compositeur : Thibault Perrine)
Maurice Ravel (1875-1937)
Tzigane, M. 76 (version orchestrale, nouvelle édition)
Georges Bizet (1838-1875)
Symphonie en ut majeur, GB 115

Alexandra Soumm, violon
Orchestre de chambre Pelléas
Benjamin Levy, direction

Un album du label Fuga Libera FUG813
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Photo à la une : le chef d’orchestre Benjamin Levy –
Photo : © Yannick Perrin