Meurtre

Schönberg résuma son orchestre au moment exact de sa bascule dans deux opus, les Gurrelieder et Pelleas und Mélisande. C’est cette modernité transcendante que fait d’abord entendre la direction vénéneuse de Paavo Järvi. Sachant que Schönberg a voulu coucher dans les portées une illustration fidèle du drame de Maeterlinck (en prenant soin de caractériser chacun des protagonistes du trio amoureux avec un instrument spécifique), Paavo Järvi resserre la partition.

Tempos rapides, orchestre clair jusque dans le plus sombre (Golaud), il débarrasse l’œuvre de ses parfums symbolistes pour en exposer la modernité. Les crescendos névrotiques, l’érotisme délétère, l’implosion de la scène de meurtre, un tel théâtre d’orchestre rappelle le raptus incendiaire du concert viennois de Dimitri Mitropoulos.

Pur contraste, le raffinement de la suite de Fauré, si ourlée, si tendrement respirée, rappelle les années que le chef estonien passa auprès de l’Orchestre de Paris. Il inspire aux Francfortois un éventail de couleurs subtiles qui culmine en émotion dans La mort de Mélisande.

LE DISQUE DU JOUR

Arnold Schönberg
(1874-1951)
Pelleas und Melisande,
Op. 5

Gabriel Fauré (1845-1924)
Pelléas et Mélisande,
Op. 80

Frankfurt Radio Symphony
Paavo Järvi, direction

Un album du label Alpha Classics 1058
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Photo à la une : © DR