Bon sang

Parmi ses professeurs, Yuri Zhislin mentionne son père, Grigory. Je me souviens de mon étonnement lorsque Frida Bauer me fit entendre la bande où elle l’accompagnait dans les trois Sonates de Brahms : ce ton altier, ce grand son sur tous les registres, cet aigu de grâce, cet archet qui parle : tout d’un grand.

Son fils, aussi virtuose en clé d’ut qu’en clef de sol a hérité du génie de son père, choisissant, pour ce que je crois être son premier disque avec orchestre, la mise en regard de l’ultime Concerto (pour alto) de Béla Bartók, que Tibor Serly complétera, et du Premier Concerto pour violon où passe le souvenir séducteur de Jelly d’Arányi qui troubla tant le jeune homme.

Un lyrisme effusif, dissimulant la virtuosité sous une poésie prégnante, réunit ces deux opus si opposés dans un même geste. La saveur des mélodies populaires éclate dans les mouvements finaux respectifs, formidables (et elle trouvera un prolongement dans l’arrangement des Danses populaires roumaines signé par le violoniste), mais la poésie sombre de l’Adagio religioso du Concerto pour alto saisissent plus encore, comme le ton nostalgique donné au vaste Andante du Concerto pour violon.

Dommage que ne soient pas ajoutées les deux Rhapsodies, peut-être réservé pour un second volume avec le Deuxième ConcertoYuri Zhislin retrouverait Valery Poliansky et son orchestre que Bartók inspire.

LE DISQUE DU JOUR

Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour alto et orchestre, Sz. 120, BB 128
Concerto pour violon et orchestre No. 1, Sz. 36, BB 48a
6 Danses populaires roumaines, Sz. 56, BB 68 (arr. pour violon et orchestre à cordes : Yuri Zhizlin)

Yuri Zhislin, alto, violon
State Symphony Capella of Russia
Valery Poliansky, direction

Un album du label Orchid Classics ORC100304
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Photo à la une : le violoniste Yuri Zhislin – Photo : © DR