Un chef pour l’opéra, exclusivement pourrait-on croire ? À Rome, à Londres, Antonio Pappano a fait beaucoup, et dans l’excellence, pour rendre le portrait aussi exact que possible, au point de faire oublier des discophiles le travail éclairant qu’il opéra à Rome, ressuscitant l’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, la formation tant aimée de Victor de Sabata, d’Antonio Guarnieri, de Bernardino Molinari, de Franco Ferrara, lui redonnant plus que son lustre d’antan, une vraie sonorité pour le nouveau siècle, et une ouverture vertigineuse sur le répertoire.
Vingt années ! Il aura passé le relais à Daniel Harding voici quelques mois, occasion pour Warner de rassembler les gravures éparses, et largement méconnues, parues parfois quasi confidentiellement – les albums, sinon ceux du Requiem de Verdi et du Stabat Mater de Rossini, ne se trouvaient aisément qu’à Rome ou Londres – dont la réécoute, ou la découverte, rend abondantes les surprises. Ecoutez seulement le Concerto pour violoncelle avec Mario Brunello de Dvořák, ces couleurs, ces dessins !
Tout surprend l’oreille dans ce beau coffret, les Symphonies de Bernstein, entre le laboratoire de « The Age of Anxiety » (avec Beatrice Rana, il lui accompagnera aussi un fulgurant Deuxième Concerto de Prokofiev) et la spiritualité de Jeremiah et de Kaddish, l’élan du Burleske de Strauss où Bertrand Chamayou balance entre rage et élégance, les abimes du War Requiem de Britten. Et la Sixième Symphonie de Mahler ? Assez fabuleuse, tout comme la Huitième de Bruckner, écoutez seulement.
Mon album favori ? Le volume Respighi, triptyque romain, merveilleux Tramonto avec Christine Rice. Et puis un autre, cette Schéhérazade dont je vous écrivais voici peu (voir ici).
Lorsque Warner retira ses micros, ICA prit le relais. Une étrange Première Symphonie d’Elgar ne tient pas toutes ses promesses, mais les 2 et 4 de Schumann, narratives, élancées, font regretter qu’on n’ait pas sa « Printemps », ni sa « Rhénane ». Demain peut-être…
LE DISQUE DU JOUR
Antonio Pappano
& Orchestra e Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Complete Symphonic, Concertante & Sacred Music Recordings
Œuvres de Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893), Ottorino Respighi (1879-1936), Gioacchino Rossini (1792-1868), Giuseppe Verdi (1813-1901), Sergei Rachmaninoff (1873-1943), Anatoli Liadov (1855-1914), Gustav Mahler (1860-1911), Antonín Dvořák (1841-1904), Benjamin Britten (1913-1916), Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908), Modeste Moussorgski (1839-1881), Sergei Prokofiev (1891-1953), Camille Saint-Saëns (1835-1921), Richard Strauss (1864-1949), Leonard Bernstein (1918-1990), Anton Bruckner (1824-1896), etc.
Sarah Chang, violon
Christine Rice, mezzo-soprano (Respighi)
Anja Harteros, soprano (Verdi, Requiem)
Sonia Ganassi, mezzo-soprano (Verdi, Requiem)
Rolando Villazón, ténor (Verdi, Requiem)
René Pape, basse (Verdi, Requiem)
Anna Netrebko, soprano (Rossini, Stabat Mater)
Joyce DiDonato, mezzo-soprano (Rossini, Stabat Mater)
Lawrence Brownlee, ténor (Rossini, Stabat Mater)
Ildebrando D’Arcangelo, basse (Rossini, Stabat Mater)
Mario Brunello, violoncelle (Dvořák)
Marina Rebeka, soprano (Rossini, Petite messe solennelle)
Sara Mingardo, contralto (Rossini, Petite messe solennelle)
Francesco Meli, ténor (Rossini, Petite messe solennelle)
Alex Esposito, basse (Rossini, Petite messe solennelle)
Donika Mataj, soprano (Verdi, Te Deum)
Maria Agresta, soprano (Verdi, Ave Maria & Libera me)
Anna Netrebko, soprano (Britten, War Requiem)
Ian Bostridge, ténor (Britten, War Requiem)
Thomas Hampson, baryton (Britten, War Requiem)
Beatrice Rana, piano (Prokofiev, Tchaikovski)
Martha Argerich, piano (Saint-Saëns)
Bertrand Chamayou, piano (Strauss)
Alexandre Tharaud, piano (album « Cinéma »)
Orchestra e Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction
Un coffret de 27 CD du label Warner Classics 9054197793073
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Robert Schumann
(1810-1856)
Symphonie No. 2 en ut majeur, Op. 61
Symphonie No. 4 en ré mineur, Op. 120 (version 1851)
Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction
Un album du label ICA Classics ICAC5139
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Sir Edward Elgar (1857-1934)
Symphonie No. 1 en la bémol majeur, Op. 55
In the South – Ouverture,
Op. 50 (Alassio)
Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Antonio Pappano, direction
Un album du label ICA Classics ICAC5138
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Photo à la une : le chef d’orchestre Antonio Pappano –
Photo : © Accademia di Santa Cecilia