La belle idée !, Nathalie Stutzmann et ses Atlantiens ouvrent leur premier album par la Suite « Américaine », l’autre grande partition inspirée à Dvořák par son séjour transatlantique. Rédigée pour piano, il l’orchestrera presto avant son retour à Prague, résumant dans un orchestre aussi brillant qu’inventif ses impressions sonores éminemment poétiques que Nathalie Stutzmann dirige amoroso, merveille qui révèle les beautés d’une partition que Dvořák ne verra jamais éditée de son vivant, et qu’il n’entendra pas plus : elle ne sera créée qu’en 1910.
Le geste de Stutzmann ne sera pas moins éloquent au long d’une « Nouveau monde » d’anthologie qui saisit dès le ton crépusculaire des premières mesures de l’Adagio. La finesse des accents, le grand caractère du geste général, l’intensité expressive qui ne masque jamais les subtilités de l’écriture (quels bois !), font merveille dans l’Allegro initial, creusent la sombre pastorale du Largo, emportent sur les pointes un Scherzo plus poétique qu’à l’habitude, préfèrent l’épique à la grandiloquence dans un Finale admirablement tenu, dont les épisodes piano semblent suspendus, comme hors du temps (et cette clarinette !).
Vertu majeure de cette direction, faire parler l’orchestre, ce qui pour Dvořák, dont les symphonies sont autant de poèmes, est un atout imparable, mais l’album célèbre d’abord un orchestre magnifique qui a trouvé plus qu’une cheffe, une inspiratrice.
LE DISQUE DU JOUR
Antonín Dvořák (1841-1904)
Suite en la majeur, Op. 98,
B. 190 « Américaine »
Symphonie No. 9 en mi mineur, Op. 95, B. 178
« Du Nouveau monde »
Atlanta Symphony
Orchestra
Nathalie Stutzmann, direction
Un album du label Erato 5021732263797
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Photo à la une : la cheffe d’orchestre Nathalie Stutzmann –
Photo : © Jeff Fusco