Sombre, si sombre dès ses premières mesures ce ré mineur où le pianoforte d’Olga Pashchenko ajoute ses rumeurs à celles d’il Gardinello. Une tempête venue de Don Giovanni distillera jusque dans la Romance une nuance tragique qui pourra sembler excessive, d’autant que la pianiste n’hésite pas côoté effets, morcelant les phrasés, surlignant les affects.
La violence des contrastes qu’aiguisent encore les instruments anciens frôle parfois le spectaculaire, si elle tire toujours l’oreille elle tire aussi le texte, péché qui risquerait d’être mortel si les interprètes n’avaient pas tant de talent : les cadences sidérantes, de la main de la pianiste, sont l’apport décisif de cette proposition.
Heureusement le fin soleil d’automne du la majeur réconcilie la pianiste avec ce Mozart vif et élégant qui m’avait tant charmé à l’écoute du volume précédent (voir ici), tout cela respire et chante, les excès sont bannis (jusque dans une ornementation autrement subtile), et l’émotion étreint dans un Adagio murmuré. Finale leste qui déroule son ruban de pure fantaisie. Pour ce 23e, il vous faudra l’album.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour clavier No. 20 en ré mineur, KV 466
Concerto pour clavier No. 23 en la majeur, KV 488
Olga Pashchenko, pianoforte
il Gardinello
Un album du label Alpha Classics 942
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Photo à la une : la pianofortiste Olga Pashchenko – Photo : © DR