Concerto-symphonie

L’immense prélude entre tempête et rêverie prévient : ce concerto n’est pas un concerto mais une symphonie, et ce violon ne sera pas un violon, mais une voix, pour l’heure, celle de Vilde Frang, plus alto que soprano : son archet assombrit les lignes mais élève le chant, cherche des vertiges à la limite du silence, saisissant l’introspection qui emplit l’œuvre jusque dans ses traits les plus capricieux.

Ce sera peu d’entendre à quel point l’alliage avec la direction fuligineuse de Robin Ticciati est pure poésie : l’émotion soudain étreint au détour d’un phrasé, faisant oublier la perfection formelle auquel cette lecture radicale parvient. Les sfumatos qui ourlent les phrasés, le chant secret, ténu, pudique, la simple pureté du jeu, admirable par cette capacité à suggérer vont au cœur de cette œuvre mystérieuse qui aura égaré tant de violonistes.

En coda, les tendresses de Carissima sont comme un sourire nostalgique, admirable post-scriptum à ce sublime album.

LE DISQUE DU JOUR

Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violon et orchestre en si mineur, Op. 61
Carissima (version pour violon
et piano)

William Lloyd Webber (1914-1982)
The Gardens at Eastwell
(A Late Summer Impression) (version pour violon et cordes : Dimitri Soudoplatoff)

Vilde Frang, violon
Thomas Hoppe, piano
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Robin Ticciati, direction

Un album du label Warner Classics 5021732409423
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Photo à la une : la violoniste Vilde Frang – Photo : © Marco Borggreve