Antal Doráti, formé à l’Académie de Budapest, ne renonça jamais à sa vocation première, la composition. Dès que ses activités de chef d’orchestre lui laissaient quelques répits, il revenait à ses partitions.
En 1974, il mit le point final à un Concerto pour son épouse, la pianiste Ilse von Alpenheim (qui grava entre autres l’intégrale du piano solo de Haydn). Grand concerto, absolument romantique par l’élan, l’ampleur, piqué de hungarismes, d’une somptueuse écriture orchestrale que la Staatskapelle Weimar essaie de rendre dans sa plénitude sans toujours y parvenir.
Ce sera le seul bémol, Oliver Triendl allant plus loin dans le flamboiement que ne l’osait Ilse von Alpenheim, faisant entendre les surprenantes beautés d’une partition dont je ne m’explique pas qu’elle n’ait pas intéressé les pianistes, et d’abord les pianistes hongrois.
Mais la vraie surprise du disque est ailleurs. Mátyás Seiber est totalement oublié. Injustice ! Son œuvre, inscrite dans la filiation de celle de Bartók, est d’une qualité certaine, comme le prouve la grande suite tirée de son ballet « L’Invitation », son ultime opus : il disparaissait au Cap le 29 septembre 1960 dans sa 55e année.
Orchestrateur virtuose, et en fait vrai génie, il est temps que son œuvre soit enregistrée, Domonkos Héja doit poursuivre d’autant que même les anecdotiques (et virtuoses) Danses de la Renaissance qu’il ajoute sont de la plus belle eau : les Improvisations pour Jazz Band et orchestre, la Rhapsodie transylvanienne, le Nocturne, l’Elégie, le Concertino, Ulysse l’espèrent.
LE DISQUE DU JOUR
Antal Doráti (1906-1988)
Concerto pour piano et
orchestre (1974)
Mátyás Seiber (1905-1960)
Suite orchestrale du ballet
« L’Invitation » (1960)
Suite de danses de la Renaissance
Oliver Triendl, piano
Staatskapelle Weimar
Domonkos Héja, direction
Un album du label hänssler Classic HC24035
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Photo à la une : le pianiste Oliver Triendl – Photo : © wildundleise.de