Dans l’écrin du salon de musique de l’Hôtel de Polignac, sur un somptueux Steinway, Ismaël Margain invite le plus secret de Mozart, Adagio, Fantaisies ou Rondos où le cœur se met à nu et où passent des cantilènes d’opéra.
Il faut savoir chanter cela dans le clavier, oser une vocalité que tous les sentiments peuvent colorer ; être à ce point voix humaine dans le grand meuble de marteaux et de cordes le jeune homme y parvient, transformant même le charme sans ombre du Rondo en fa majeur en une ariette infiniment variée : ce toucher fin et plein, cet esprit, c’est comme si Mozart l’improvisait devant nous.
La Fantaisie en ré mineur, dont l’intrada semble portée par un vent nocturne, surprend par ses interrogations avant de chanter, vraie petite scène d’opéra, alors qu’une nostalgie douloureuse emplit la Fantaisie en ré mineur, jamais soulignée, toujours touchante, secret d’un art absolument mozartien qui culminera dans l’immense récit dramatique de l’Adagio en si mineur. Sans pathos, ombreux et mélancolique, Ismaël Margain m’emporte dans ce crépuscule où Schubert semble paraître, coda ouverte d’un fabuleux album.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Fantaisie en ut mineur,
K. 396/385f
Rondo en la mineur, K. 511
Rondo en fa majeur, K. 494
Fantaisie en ré mineur,
K. 397/385g
Rondo en ré majeur, K. 485
Fantaisie en ut mineur, K. 475
Adagio en si mineur, K. 540
Ismaël Margain, piano
Un album du label naïve V8443
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Photo à la une : le pianiste Ismaël Margain – Photo : © Patrick Ernaux