Bach lui-même pratiqua d’abondance rhabillages et réemplois, l’art baroque aimait les permutations, les travestissements, le jeu d’équivalence.De tout cela Rinaldo Alessandrini aura tiré la liberté de recomposer lui aussi trois suites (ouvertures ou partita) herborisant principalement dans les œuvres de clavier, ce qui lui laisse tout loisir de les vêtir à son gré.
La cohérence du premier opus – une simple « orchestration » de l’Ouverture dans le style français tiré de la seconde Clavier-Übung – le souligne avec un certain éclat, en même temps qu’elle amplifie les danses qui animaient l’original, hautbois et basson les colorant à loisir.
La Partita en ré majeur invite un traverso (magnifique Laura Pontecorvo) et dispense une poésie contagieuse, au long de l’Adagio initial décalqué du premier mouvement de la Troisième Sonate pour violon et clavecin, alors que la Suite en sol majeur se colorera de teintes corelliennes, incroyable comme un rhabillage peut changer la nature d’une musique !
C’est ce que savoure au long de ce disque attachant Rinaldo Alessandrini, qui entend bien ne pas faire acte de musicologue, plutôt simplement ajouter encore de nouveaux plaisirs à notre fréquentation de l’univers Bach. Pari gagné !
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Ouverture dans le style français en si mineur, BWV 831 (version pour deux hautbois, basson, cordes et basse continue en ré mineur)
Partita pour traverso, cordes et basse continue en ré majeur (d’après des originaux de J. S. Bach, extraits des BWV 1016, 828, 1069 & 825, 815 et 817)
Ouverture pour cordes et basse continue en sol majeur (d’après des originaux de J. S. Bach, extraits des BWV 820, 833, 843 et 816)
Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, direction
Un album du label naïve OP8454
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Photo à la une : le chef d’orchestre Rinaldo Alessandrini –
Photo : © Sandrine Expilly