Secret de Rafael Payare, cet autre enfant d’El Sistema : la perfection de la balance. Est-ce son passé de corniste, immergé au sein de l’orchestre, qui lui a fait l’oreille si fine pour régler les équilibres ? Par sa clarté, sa direction me rappelle celle de David Zinman.

Pour les touffeurs de Pelleas und Melisande, cet éclairage rasant fait entendre chaque inflexion d’un orchestre dont les parties les plus enfouies demeurent souvent perdues, même pour les micros des meilleurs ingénieurs du son. Rafel Payare fait tout rayonner, du plus subtil pianissimo à l’implosion du meurtre, magnifiant un Orchestre Symphonique de Montréal qui n’avait pas joué à ce degré d’excellence depuis un certain temps. Le geste ne sera pourtant jamais analytique, le drame de Maeterlinck s’incarne dans le jeu savant des leitmotivs, dans la gradation implacable de l’action, un théâtre en symphonie d’une saisissante acuité.

Verklärte Nacht est vraiment entendue en songe, irréelle, d’une beauté surnaturelle, et emplie de références mahlériennes assumées, transfigurées justement, Mahler étant un des objets de l’art du chef vénézuélien, sa gravure récente de la 5e Symphonie m’avait échappé, j’y reviendrai.

LE DISQUE DU JOUR

Arnold Schönberg (1874-1951)
Pelleas und Melisande,
Op. 5
Verklärte Nacht,
Op. 4 (version orchestrale)

Orchestre Symphonique de Montréal
Rafael Payare, direction

Un album du label Pentatone PTC5187218
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Photo à la une : le chef d’orchestre Rafael Payare dirigera l’Orchestre symphonique de Montréal – Photo : © Antoine Saito