La cadence magique

On est en concert, Jonathan Biss se lance dans la grande cadence que le jeune Beethoven s’était écrite pour briller, il la joue avec un degré de sensible, une imagination dans les couleurs, un art des nuances expressives et au-dessus une simplicité de dessin qu’elle n’avait plus connus depuis Rudolf Serkin, jusqu’à cette tentation nostalgique. Formidable soutien des Suédois et d’Omer Meir Wellber.

Le Largo suivra, soudain sous ces doigts poètes, aussi beau, aussi profond que tous les adagios à venir chez Beethoven, et pas si lent d’ailleurs, le pianiste entendant bien dire et chanter à la fois dans un mouvement qu’il entend peut-être comme une scène d’opéra. Le Finale piaffera, tout en piqués et en ruades, d’une fantaisie surveillées par une maîtrise du clavier souveraine.

Les City Stanzas de Sally Beamish font fatalement contraste, triptyque sardonique sur fond d’une réflexion politique déplorant le naufrage de la mondialisation, l’esseulement des hommes et de la planète. Ce noir si sombre après la lumière de Beethoven provoque un vertige.

LE DISQUE DU JOUR

Beethoven 5
Vol. 2

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ut majeur,
Op. 15

Sally Beamish (née en 1956)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 « City Stanzas »

Jonathan Biss, piano
Swedish Radio Symphony Orchestra
Omer Meir Wellber, direction

Un album du label Orchid Classics ORC100339
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Photo à la une : le pianiste Jonathan Biss – Photo : © Benjamin Ealovega