La haute virtuosité de l’air tiré du Mesenzio, re d’Etruria de Cherubini donne le ton : de son soprano stratosphérique Bruno de Sá ne fera qu’une bouchée de ces rôles inchantables destinés aux castrats.
Que son timbre puisse donner l’illusion d’une voix féminine n’est qu’anecdotique, l’art du Brésilien incarne des personnages, des émotions, des états d’âme, cela saisit dès qu’il aborde Mozart : sublime la plainte des adieux de Sifare où son chant se contrepointe d’un merveilleux cor (Fabio Forgiarini), étourdissant son Exsultate, jubilate !, pour un peu je regrette qu’il n’ait pas osé la Königin der Nacht. La seule exception qu’il fera dans ce récital tout italien (et un peu latin) sera pour la sublime invocation au repentir de L’Ange de la Grabmusik, Mozart toujours, qui lui semble destiné.
Alors vous irez savourer les pyrotechnies ou le chant stratosphérique chez Beck, Seydelmann, Reichardt, Alessandrini, vous vous laisserez surprendre par le Salve Regina de Zingarelli, mais vous reviendrez à Mozart, au Preces mae du Requiem de Cimarosa, signe que Bruno de Sá, avant d’être ce virtuose consommé, incarne son art en pure poésie, si parfaitement secondé par la belle bande de Jarosław Thiel.
LE DISQUE DU JOUR
Airs et pièces orchestrales de Luigi Cherubini (Il Mesenzio, rè d’Etruria), Wolfgang Amadeus Mozart (Mitridate, rè di Ponto, K. 87 ; Exultate, jubilate, K. 165 ; Grabmusik, K. 42 ; Fugue, K. 154), Franz Ignaz Beck (L’Isle déserte), Luigi Caruso (Il fanatico per la musica), Franz Seydelmann (Il Turco in Italia), Johann Friedrich Reichardt (Andromeda), Niccolò Antonio Zingarelli (Salve Regina), Josef Mysliveček (Il Tobia), Domenico Cimarosa (Requiem en sol mineur), Felice Alessandrini (Alessandro nelle indie)
Bruno de Sá, sopraniste
NFM Choir
Wrocław Baroque Orchestra
Jarosław Thiel, direction
Un album du label Erato 5054197995422
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Photo à la une : le chanteur Bruno de Sá, en 2024 –
Photo : © Bertrand Pichene/CCR Ambronay