Les deux Albions

Saisissant dès l’intrada : Gautier Capuçon fait de son violoncelle un personnage, empoignant l’œuvre à la gorge comme le faisait jadis Jacqueline Du Pré, fatalement il aura pensé à sa gravure légendaire, sans pour autant faire citation, malgré l’orchestre atmosphérique, le ton de tempête que Sir Antonio Pappano semble lui aussi déduire du modèle laissé par Sir John Barbirolli. Magnifique, autant pour l’emportement que pour le chant profond – l’Adagio ! – et saisissant pour le jeu lutté du pont avant l’Allegro molto, où l’archet s’envolera dans un crépitement.

Pourtant ce sera dans les panoramiques du Concerto de Walton qu’il mettra une flamme supplémentaire, déployant cet archet joueur, impertinent, qui fait son miel des paysages spectaculaires que lui déploient Antonio Pappano et ses Londoniens, gravure kaléidoscopique d’une fantaisie, d’une liberté qui offre un nouveau point de vue sur une œuvre pourtant gâtée par le disque.

Doublé gagnant d’un violoncelliste dont la médiatisation n’aura pas pollué l’art, quoi qu’on en écrive parfois.

LE DISQUE DU JOUR

Sir Edward Elgar (1857-1934)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, Op. 85
William Walton (1902-1983)
Concerto pour violoncelle et orchestre

Gautier Capuçon,
violoncelle
London Symphony
Orchestra

Sir Antonio Pappano, direction

Un album du label Erato 5021732264831
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Photo à la une : le violoncelliste Gautier Capuçon – Photo : © DR