Redoutables Les Saisons. Outre que les douze mois dépeints par Tchaïkovski sont en passe de devenir son opus pianistique le plus enregistré, il est celui qui invite le plus aux méprises.

Certains s’y seront perdus dans les paysages, d’autres y auront posé un regard trop prosaïque, Bruce Liu y invite un peu de l’esprit de Schumann qui poursuivra souvent Tchaïkovski assis à son piano. Ses Saisons seront d’un poète, non seulement intime et dans un clavier comme réduit pour mieux dire les confidences, mais enfin tant de versions des Saisons auront inspiré justement la veine poétique de leurs interprètes !, cela ne suffit pas au Canadien.

Se souviendrait-il du côté un peu Carnaval qu’y tentait Konstantin Igumnov, animant chaque pièce quitte à ce que le geste paraisse disproportionné ? L’enregistrement est devenu rare, mais une part de la proposition du jeune homme semble y faire écho, jusque dans le côté « oiseau prophète » du Chant de l’alouette qu’il orne d’un babil de piqués. Merveille parmi tant d’autres d’un disque pensé en chaque détail.

L’écouter pièce à pièce dévoile le travail de miniaturiste, le fini du toucher, l’élégance toujours un peu nostalgique, un raffinement loin d’être simplement esthétique, touchant au cœur de l’œuvre. Si l’idée venait à Bruce Liu de poursuivre dans les cahiers de Tchaïkovski, les 18 Pièces, Op. 72 devraient autant l’inspirer.

LE DISQUE DU JOUR

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Les Saisons, Op. 37a,
TH 135
Romance en fa mineur,
Op. 5, TH 127

Bruce Liu, piano

Un album du label Deutsche Grammophon 4866050
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Photo à la une : le pianiste Bruce Liu – Photo : © DR