Premiers sillons Chopin

Un Érard, un Gaveau ? Non, Vincenzo Maltempo joue pour son intégrale des Nocturnes de Chopin un somptueux Grand Concert Steinway de 1888, qui serait évidemment magnifique pour Brahms, mais se révèle tout aussi splendide pour le plus secret de Chopin.

Quel bonheur d’entendre ce virtuose impénitent abonné à Alkan se pencher avec un tel art de diseur sur ces Nocturnes que tant affadissent. Sa nuit est sombre, mais n’oublie pas de chanter et crée des climats tour à tour étranges ou épiques : le 9e Nocturne a-t-il jamais été aussi proche d’une Ballade ? Le pianiste italien refuse les tableaux, invite parfois l’ombre de Liszt (le 10e), surtout il fait tout entendre du grand piano lyrique que dévoile ici les couleurs de ce Steinway, n’oubliant jamais tout ce que Chopin exige d’une main et que tant auront réduit à l’estompe.

Et si demain, avec un si beau meuble, il poursuivait chez Chopin ? Sa grande technique ne ferait qu’une bouchée des Polonaises, des Scherzos, et sa musicalité trouverait probablement les chemins plus secrets des Mazurkas.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1810-1849)
Les Nocturnes (Intégrale)

Vincenzo Maltempo, piano (piano Steinway, 1888)

Un album de 2 CD du label Piano Classics PCL10312
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Photo à la une : le pianiste Vincenzo Maltempo –
Photo : © DR