Stewart Goodyear intrigue dans les premières pages du Deuxième Concerto, il semble musarder, les commentaires ironiques que lui délivre l’orchestre, si finement composé par Andrew Litton décidément chez lui chez Prokofiev, soulignent une distance volontiers sarcastique.
Musique d’enfant terrible, génialement entendue comme telle, pianistes et chefs la débarrassant de ces restes de romantisme que certains y entendent encore. Après une cadence dantesque, le Scherzo tout en diables est absolument irrésistible, et l’Intermezzo grotesque, ricanant, saisissant autant qu’un Finale gagné par une hystérie que le pianiste assume avec panache.
Leur Troisième Concerto, au-delà des raffinements d’orchestre que compose Andrew Litton, proclame le même modernisme incendiaire, tempos prestes, clavier volatile, une folle virtuosité emporte l’œuvre, le pianiste s’y faisant aussi félin que Martha Argerich. En complément une Septième Sonate tout aussi explosive interroge : pourquoi pas le Premier Concerto ?
À moins que ce volume en annonce un second, on tiendrait là alors une intégrale majeure d’un corpus pourtant abondamment illustré au disque.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano et orchestre No. 2 en sol mineur, Op. 16
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut majeur, Op. 26
Sonate pour piano No. 7 en si bémol majeur, Op. 83
Stewart Goodyear, piano
BBC Symphony Orchestra
Andrew Litton, direction
Un album du label Orchid Classics ORC100335
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Photo à la une : le pianiste Stewart Goodyear – Photo : © Anita Govnar