Deux concertos heureux, renfermant deux trésors d’émotion en leurs mouvements centraux, l’occasion pour Kristian Bezuidenhout de se dédoubler. Comme son pianoforte (le McNulty d’après Walter & Sohn) sonne mutin dans les clairons de l’Allegro du 19e, et comme il rira à la coda du Finale, les Freiburger s’esclaffant littéralement en lui répondant. Cette fête bien verte ne laissait pas croire en un Allegretto si élégant, bercé par cette fausse nostalgie où le pianiste le conduit progressivement.
La pastorale qu’est le 23e Concerto, celui du corpus qui est le plus jardin avec le 17e, se voile de subtilités infinies, aussi à l’orchestre. Un discours de l’intime s’y adonne aux tendresses d’un bonheur mesuré. Impossible de ne pas entendre à quel point la nature même des instruments se fond dans l’œuvre, cette touche légère, ce giocoso sans éclat, seul jusque-là sur piano moderne Murray Perahia les avait trouvés, alors que les pianofortistes les auront souvent cherchés en vain, sinon Viviana Sofronitsky. Puis l’esseulement de l’Adagio, sa nudité, beau comme le lamento d’une soprano !
Décidément cette intégrale au long cours rebat les cartes !
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour clavier et orchestre No. 19 en fa majeur,
K. 459
Concerto pour clavier et orchestre No. 23 en la majeur,
K. 488
Kristian Bezuidenhout,
pianoforte
Freiburger Barockorchester
Gottfried von der Goltz, leader
Un album du label harmonia mundi MHH902334
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Photo à la une : le pianofortiste Kristian Bezuidenhout –
Photo : © Marco Borggreve