Un premier album pour l’étiquette jaune – les « Rêves d’hiver » de Tchaïkovski – ne disait pas tout de l’art d’un jeune homme pas encore trentenaire, sacré trois ans plus tôt à Tanglewood par le Prix Koussevitzky sous l’œil charmé de Leonard Bernstein.
Premier poste, chef assistant (pour une saison) puis chef associé et premier chef invité durant les années Leinsdorf. Un contre-courant en somme au chef viennois qui regardait dans une autre direction opposée à celle inspirée par Charles Munch à ses chers Bostoniens.
Pas son jeune collègue qui en 1970 se fondait au piano dans un album de musique de chambre de Debussy avec les solistes de l’orchestre avant de graver l’année suivante une intégrale des Images (et aussi le Prélude à l’après-midi d’un faune) dont la finesse d’exécution, la lumière subtile, le jeu d’orchestre allégé regardaient plus vers l’élégance de Monteux que vers la sensualité de Munch.
Boston sera son instrument de rêve, idéal pour un Sacre alerte, tout danse, dommage sur le même disque, un chœur à l’accent yankee gâche son Roi des étoiles ! Toujours pour DG, il donne deux albums américains, un couplage William Schumann/Walter Piston, mais surtout ce qui sera son autre disque phare : la décantation de Three Places in New England face aux abrasions du Sun-treader de Carl Ruggles.
Las ! Deutsche Grammophon ne le retrouvera que plus tard à Londres (LSO) d’abord pour accompagner avec cet art toujours aussi élégant les Concertos de Schumann et de Grieg, où avec Jean-Marc Luisada il serre un dialogue chambriste, puis les Concertos de Chostakovitch pour Mischa Maisky, alliage moins évident.
Deux disques Bernstein (formidable On the Town) soulignent une filiation que l’on devrait interroger avec plus de pertinence, puis le shakespearien Il sogno d’Elvis Costello referme les années Deutsche Grammophon.
Dans les années 90, il impose à Argo un plein disque Morton Feldman définitf (deux concertos, piano et violoncelle, et Coptic Light), et un autre illustrant plusieurs aspects du catalogue d’Ingolf Dahl, la perle restant l’album d’Amérique Latine (génial Sensemayá), fruit de ses noces avec le New World Symphony Orchestra dont le plus bel enfant, sera, pour RCA un stupéfiant album Villa-Lobos.
LE DISQUE DU JOUR
Michael Tilson Thomas, pianiste et
chef d’orchestre
The Complete Deutsche Grammophon & Argo Recordings
The Deutsche Grammophon Recordings
CD 1
Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
Symphonie No. 1 en sol mineur, Op. 13, TH 24 « Rêves d’hiver »
CD 2
Edvard Grieg (1843-1907)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 16
Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54
Jean-Marc Luisada, piano
CD 3
Claude Debussy (1862-1908)
Images pour orchestre, CD 118
Prélude à l’après-midi d’un faune, CD 87
CD 4
Claude Debussy (1862-1908)
Sonate pour violon et piano, CD 148
Sonate pour violoncelle et piano, CD 144
Sonate pour flûte, alto et harpe, CD 145
Syrinx, CD 137
Boston Symphony Chamber Players
CD 5
Charles Ives (1874-1954)
Three Places in New England (Orchestral Set No. 1)
Carl Ruggles (1876-1971)
Sun-treader
CD 6
Igor Stravinski (1882-1971)
Le Roi des étoiles, K014
Le Sacre du printemps, K015
CD 7
Walter Piston (1894-1976)
Symphonie No. 2
William Schuman (1910-1992)
Concerto pour violon et orchestre
Paul Zukofsky, violon
CD 8
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 1 en mi bémol majeur, Op. 107
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 2 en sol mineur, Op. 126
Mischa Maisky, violoncelle
CD 9
Leonard Bernstein (1918-1990)
On the Town
Frederica von Stade, mezzo-soprano (Claire) – Tyne Daly (Hildy) – Marie McLaughlin, soprano (Ivy) – Thomas Hampson, baryton (Gabey) – Kurt Ollmann, baryton (Chip) – Meriel Dickinson, mezzo-soprano (Diana Dream) – Evelyn Lear, soprano (Madame Dilly) – David Garrison (Ozzie) – Samuel Ramey, basse (Pitkin, First Workman, Announcer) – Adolph Green (Rajah Bimmy) – Cleo Laine (The Nightclub Singer) – Bruce Ogston, baryton (Second Sailor) – Lindsay Benson, basse (Third Sailor, Third Workman) – Nicholas Sears, ténor (First Sailor) – Stewart Collins, ténor (Second Workman) – London Voices
CD 10
Leonard Bernstein (1918-1990)
Arias and Barcarolles (orchestration : Coughlin)
A Quiet Place – Suite (version élaborée par Sid Ramin et Michael Tilson Thomas)
Symphonic Dances from « West Side Story »
Frederica von Stade, mezzo-soprano – Thomas Hampson, baryton
CD 11
Elvis Costello (né en 1954)
Il sogno
John Harle, saxophone – Chris Laurence, contrebasse – Peter Erskine, percussion
The Argo Recordings
CD 12. Tangazo
Carlos Chávez (1899-1978)
Sinfonía india
Aaron Copland (1900-1990)
Danzón cubano
Amadeo Roldán (1900-1939)
La Rebambaramba – Suite
Ritmica No. 5
Silvestre Revueltas (1899-1940)
Sensemayá
Alejandro García Caturla (1906-1940)
3 Danzas cubanas
Astor Piazzolla (1912-1992)
Tangazo
Alberto Ginastera (1916-1983)
Estancia – Suite
CD 13
Ingolf Dahl (1912-1970)
Concerto for Alto Saxophone
John Harle, saxophone
Hymn
Music for Brass Instruments
New World Brass
The Tower of Saint Barbara – Légende symphonique
Ertan Torgul, violon – Gregory Miller, cor – Tisha Murvihill, harpe
CD 14
Morton Feldman (1926-1987)
Piano and Orchestra
Cello and Orchestra
Coptic Light
Alan Feinberg, piano – Robert Cohen, violoncelle
Boston Symphony Orchestra (CDs 1, 3, 5-7)
London Symphony Orchestra (CD 2, 8-11)
New World Symphony (CD 12-14)
Un coffret de 14 CD du label Deutsche Grammophon 4846836 (Collection Eloquence Australia)
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Photo à la une : le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas – Photo : © DR