Seul à Salzbourg

Daniel Barenboim venait de boucler sa première intégrale des Sonates de Beethoven pour His Master’s Voice, elle allait stupéfier les mélomanes qui continuaient à le considérer comme le wunderkind des enregistrements Westminster. Présenter tout un récital Beethoven à Salzbourg, c’était oser plus encore, surtout pour un jeune homme de vingt-sept ans.

Une certaine tension est palpable au long de la Septième Sonate, des brutalités valant pour façon de s’affirmer, le Steinway ferraillant, mais dès la Waldstein le son s’ouvre, les couleurs affluent, un peintre est à l’œuvre qui n’oublie pas le sfumato. Dommage, le Finale est pris assez sage, mais les raffinements remboursent.

Pour l’Opus 111, la démesure manquera, comme si le jeune homme s’effrayait de lui-même devant l’altitude de l’œuvre au long du premier volet. Le chant perdu, comme venu d’un autre monde, qui ouvre l’Arietta dévoile le musicien : passé les escarpements du con brio, le chant paraîtra, tenu, intense jusqu’à l’irréel : le jeune homme aura gagné ce pari si risqué devant les mélomanes de Salzbourg qui ne l’avaient jusque-là entendu qu’en concerto, ce qui rend l’écho de ce concert plus émouvant encore.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 7 en
ré majeur, Op. 10 No. 3

Sonate pour piano No. 21 en ut majeur, Op. 53
« Waldstein »

Sonate pour piano No. 32 en
ut mineur, Op. 111

Daniel Barenboim, piano
Enregistré à Salzbourg le 28 juillet 1970

Un album du label Orfeo C939171B
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Photo à la une : le pianiste Daniel Barenboim – Photo : © DR