Oratorio ou opéra sacré ? En mettant en musique l’épisode des serpents de feu envoyé par Dieu pour punir les blasphémateurs durant l’Exode du peuple de Sion, Hasse savait qu’il tendrait vers la seconde proposition, mais le composant pour l’Ospedale degli incurabili il le maintint dans les canons de l’oratorio.
Comment ne pas entendre que l’œuvre déborde son cadre (à l’image de La Resurrezione d’Haendel une vingtaine d’années plus tôt), son ardeur permanente, sa folle virtuosité, son orchestre si souvent saisissant font un théâtre sacré auquel seule manque la scène.
La brillante équipe réunie par Thibault Noally enflamme à force de virtuosité et de caractérisation cette partition regorgeant d’audaces. Philippe Jaroussky, Moyses saisissant, et Julia Lezhneva, Angelus impérieux jusque dans l’exultation (Aura beata), ne doivent pas laisser dans l’ombre le Nathanaël de Jakub Józef Orliński qui prévient du maléfice des serpents, ni les airs si lyriques de Josue (stratosphérique Bruno de Sà) ou d’Eleazar : sa plaine est poétisée par Carlo Vistoli avec l’art qu’on lui sait. Dès le début de l’œuvre on est saisi par l’intensité du chant de David Hansen, Eliab dont l’inquiétude expose les doutes du peuple perdu au désert.
Magnifique découverte, menée avec fougue et poésie par Thibault Noally et ses Accents, qui surclasse le valeureux essai des Paladins de Jérôme Corréas pour Ambronay voici déjà quelques lustres. Cette brillante équipe nous donnera-t-elle l’autre oratorio vénitien de Hasse, Sanctus Petrus et Sancta Maria Magdalena ?
LE DISQUE DU JOUR
Johann Adolf Hasse
(1699-1783)
Serpentes ignei
in deserto
Philippe Jaroussky,
contre-ténor (Moyses)
Julie Lezhneva, soprano
(Angelus)
Jakub Józef Orliński, contre-ténor (Nathanael)
Bruno de Sà, sopraniste (Josue)
Carlo Vistoli, contre-ténor (Eleazar)
David Hansen, contre-ténor (Eliab)
Les Accents
Thibault Noally, violon et direction
Un album de 2 CD du label Erato 5021732399045
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Photo à la une : © DR