Alexandre Kantorow boucle son parcours chez le jeune Brahms en gravant la Première Sonate. Epique assurément, mais surtout maîtrisée, sa lecture n’ira pourtant pas aussi loin que la furia qu’y mettait toujours Sviatoslav Richter dont le Finale fouetté, avec ses sauts vertigineux reste hors de portée.
Mais comme Alexandre Kantorow phrase amoroso le second thème du même Finale, comme il emporte le Scherzo, comme il fait tonner le portail si Hammerklavier de l’Allegro. Pourtant, ce seront ses épisodes sotto voce, comme le vaste nocturne de l’Andante qui surprendront d’abord, par cette qualité du son, cette maîtrise du discours, l’échelle dynamique si vaste (et surtout dans les nuances piano).
À l’autre bout du disque, la Wanderer-Fantasie bouillonnante, exaltée, fabuleuse d’irisations et de tempêtes jusque dans un Finale orchestral, semble répondre aux ardeurs du jeune Brahms, écho décidément bien vu, qu’aura précédé une poignée de Lieder où Alexandre Kantorow fait entendre autant le chant de Schubert que les décors de Liszt, équilibre rarement tenu qui culmine dans les visions fantomatiques de Die Stadt et d’Am Meer.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Sonate pour piano No. 1
en ut majeur, Op. 1
Franz Liszt (1811-1886)
12 Lieder von Franz Schubert, S. 558 (2 extraits :
No.11. Der Wanderer [orig. D. 489] ;
No. 7. Frühlingsglaube [orig. D. 686])
Lieder aus Franz Schubert’s « Schwanengesang », S. 560
(2 extraits : No.1. Die Stadt ; No. 4. Am Meer)
Müller-Lieder von Franz Schubert, S. 565
(extrait: No. 2. Der Müller und der Bach, d’après D. 795/19)
Franz Schubert (1797-1828)
Fantaisie en ut majeur, D. 760 « Wanderer-Fantasie »
Alexandre Kantorow, piano
Un album du label BIS Records 2660
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Photo à la une : le pianiste Alexandre Kantorow – Photo : © Sasha Gusov