Alexander Lonquich, si féru du grand répertoire pianistique viennois, avait enfin trouvé ses partenaires pour son cycle des Concertos de Beethoven : l’Orchestre de chambre de Munich mené par son konzertmeister, Daniel Giglberger, l’assurance pour le pianiste d’une collaboration toute musicale sans le hiatus possible d’un chef qui ne serait pas à son diapason. On sait le pianiste singulier dans ses choix, au point que le récital aura toujours prévalu chez lui au répertoire concertant, manière de garantir cohérence et liberté.
En 2019, le pianiste et ses amis bavarois donnèrent en un concert fleuve les cinq Concertos, commençant par le Deuxième, qui fut en fait le premier composé. Coup d’essai, coup de maître confirmé trois ans plus tard pour les micros de Markus Heiland dans le Rathausprunksaal de Landshut, et là encore le Deuxième ouvre le bal, vif, sonore, d’une lumière parfaitement accordée entre le piano et l’orchestre.
Le Premier sera plus piquant encore, Alexander Lonquich élargissant la pâte sonore mais la gardant toujours aussi alerte. A mesure que les années passent (les concertos couvrent la période 1790–1809) son jeu se creusera, libérant le Troisième et ses récitatifs de tout souvenir mozartien, s’immergeant dans la poésie étrange du Quatrième comme dans ses foucades soudaines avec des phrasés, des murmures (l’Andante con moto, il faudra retourner à Claudio Arrau face à Leonard Bernstein pour retrouver cette plainte sourde, comme si Fidelio émergeait de sa prison), tout un autre monde, et un autre encore pour un Empereur faramineux, ce jarret, ce jeu de muscles, cet élan d’athlète enivrent, les notes fusent, les doigts volent, le son soudain immense déploie un arc-en-ciel, splendeur !
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1797-1828)
Concerto pour piano et
orchestre No. 2 en si bémol
majeur, Op. 19
Concerto pour piano et
orchestre No. 1 en ut majeur, Op. 15
Concerto pour piano et
orchestre No. 3 en ut mineur, Op. 37
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Concerto pour piano et orchestre No. 5 en mi bémol majeur, Op. 73 « Empereur »
Alexander Lonquich, piano
Münchener Kammerorchester
Daniel Giglberger, concertmaster
Un petit coffret de 3 CD du label ECM New Series 2753-55 4876904
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Photo à la une : le pianiste Alexander Lonquich – Photo : © DR