Tous les opéras de Puccini ? Non, Edgar et Le vili manquent, sinon pour ce dernier quelques pages du Deuxième Acte captées en complément de La rondine pour illustrer le Roberto d’Alagna. Mais tous les autres oui, et dans des propositions quasi toutes indiscutables.
Surprise, Warner ne sera pas allé chercher La Bohème de Beecham, ni la Mimi de Callas, mais aura préféré donner une seconde chance à la gravure parisienne où James Conlon et le National faisaient feu de tout bois, un rien trop peut-être pour la Mimi de Barbara Hendricks, qui sait émouvoir aussi par sa fragilité. L’Acte chez Momus est assez prodigieux, mené grand train et exposant le second couple, si brillamment campé par Angela Maria Blasi et Gino Quilico. La vraie perle reste pourtant le Rodolfo de José Carreras, avec dans le timbre cette fêlure où s’insinue le drame.
Pour Tosca, exit De Sabata, criminel pensera-t-on, mais le remake de Callas est fascinant, malgré l’orchestre plus générique de Georges Prêtre, Gobbi toujours aussi saisissant (et plus théâtre encore qu’à Milan) ; surtout la leçon de style mise par Bergonzi à son cavaliere frôle l’historique.
Ailleurs, rien que des réussites, première Butterfly selon Scotto dont Barbirolli arde le drame, pour moi la plus belle Fanciulla de la discographie officielle – Nilsson mais surtout Matačić n’y sont pas pour peu – un Trittico parfait repris d’après le dernier remastering (excellent, ce qui n’était pas le cas du précédent) – Rondine épatante avec le couple Alagna Georghiu et l’orchestre-poète de Pappano, la Turandot strasbourgeoise d’Alain Lombard étant plus qu’une curiosité, le cast l’assurant (Caballé, Carreras, Freni, Sénéchal), mais pas seulement : cette direction qui évite les pacotilles du décor pour faire le drame plus sombre est une vraie proposition.
La perle ? Cette Manon Lescaut déchirante, menée avec art par Bruno Bartoletti qui la conduit de la folle vitalité du coche d’Amiens au crépuscule du désert américain d’un geste si attentif, la Manon sensuelle jusque dans la mort de Caballé, le Des Grieux appassionato de Domingo, les comprimari parfaits font que cette gravure trop oubliée sera pour beaucoup une révélation.
L’éditeur ajoute la tendre Messa di Gloria de Claudio Scimone (Carreras encore, face à Hermann Prey !), et cinq récitals, Callas, Caballé, le joli album de Kiri Te Kanawa entre mélodies et airs lyriques, le concert d’Angela Georghiu, mais surtout l’album Erato de José Cura, Calaf insolent, Cavaradossi torturé, Des Grieux exalté, Ruggero supra-élégant, pour n’en citer que quelques-uns, tous surveillés et dorlotés par un Plácido Domingo réglant un Philharmonia décidément inspiré par les élans du jeune ténor argentin.
LE DISQUE DU JOUR
Giacomo Puccini
(1858-1924)
The Warner Classics Edition
CDs 1-2
Manon Lescaut, SC 64
(Caballé, Sardinero, Domingo / Bartoletti, 1971)
CDs 3-4
La Bohème, SC 67
(Hendricks, Carreras, Quilico / Conlon, 1987)
CDs 5-6
Tosca, SC 69
(Callas, Bergonzi, Gobbi / Prêtre, 1964-1965)
CDs 7-8
Madama Butterfly, SC 74
(Scotto, Bergonzi / Barbirolli, 1966)
CDs 9-10
La fanciulla del West, SC 78
(Nilsson, Gibin / Matačić, 1958)
CDs 11-12
La rondine, SC 83
(Gheorghiu, Alagna, Spence / Pappano, 1996)
CDs 13-15
Il Trittico
Il tabarro, SC 85
(Gobbi, Prandelli, De Palma / Bellezza, 1955)
Suor Angelica, SC 87
(De los Ángeles, Barbieri / Serafin, 1957)
Gianni Schicchi, SC 88
(Gobbi, De los Ángeles / Santini, 1958)
CDs 16-17
Turandot, SC 91
(Caballé, Carreras, Freni / Lombard, 1977)
CD 18
Messa di Gloria
Preludio sinfonico
Capriccio sinfonico
(Carreras, Prey / Ambrosian Singers / Scimone, 1983)
CD 19
Maria Callas sings Operatic Arias
(Serafin, 1954)
CD 20
Montserrat Caballé – Arias
(Mackerras, 1970)
CD 21
Kiri Te Kanawa – Sole & Amore
(Nagano, 1996)
CD 22
José Cura – Arias
(Domingo, 1997)
CD 23
Angela Gheorghiu – Arias
(Alagna, Coppola / Pappano, 2002, 2004)
Un coffret de 23 CD du label Warner Classics 5021732403834
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Photo à la une : le compositeur Giacomo Puccini –
Photo : © Imagno