Comment dire ? J’espérais un peu plus de furia, d’élan dans l’appel qui ouvre la Hammerklavier. Marc-André Hamelin ne retient pas les leçons impérissables professées par Artur Schnabel : tout risquer. Il contient, mais construit aussi, piano évidemment magnifique, jusque dans les jeux de timbres des appels de trompettes, piano orchestre, et toujours d’une lisibilité plus scrupuleuse qu’absolument inspirée.
Ce sera l’écueil, loin d’être fatal, mais tout de même, deux minutes de Schnabel ou même du jeune Kempff vous annulent cela d’un trait, pour en rien dire d’un Adagio tout sauf sostenuto.
Alors j’écoute ce beau piano pas vraiment imaginatif, et au fond assez prévisible, à peine mieux appariée à la Troisième Sonate, j’admire la maestria, et puis je m’ennuie : l’esprit manque, la folie, surtout cette musique, comme venue d’un autre monde, sonne soudain si domestique, si à portée de la main, et les fulgurances fascinantes du virtuose n’y peuvent rien changer : Beethoven s’est échappé.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 29 en
si bémol majeur, Op. 106 « Hammerklavier »
Sonate pour piano No. 3 en
ut majeur, Op. 2 No. 3
Marc-André Hamelin, piano
Un album du label Hypérion Records CDA68456
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Photo à la une : le pianiste Marc-André Hamelin – Photo : © Sim Cannety Clarke