Lagune mystique

Où se loge le sacré chez Vivaldi ? Jusque dans le petit orchestre de cordes du Concerto en ré mineur qui ouvre l’album : son Largo est comme une prière, et à revers c’est l’opéra qui dans la voix virtuose de Carlo Vistoli s’invite dès l’incipit du Nisi Dominus.

Formidable d’éclat, de présence (ce Surgite !) simplement d’italianità, comme si le contre-ténor voulait se démarquer des falsettistes anglais qui, de James Bowman à Michael Chance, ont marqué ce répertoire à l’orée du renouveau baroque.

Les éclairages lagunaires du Cum dederit ne lui manqueront pas, ni le recueillement quasiment pictural qu’il faut mettre au Stabat Mater dont sa lecture sans maniérismes n’est au fond pas si éloignée du ton tenu qu’y imprima pour l’éternité Aafje Heynis, même si par le timbre il évoque plus les colorations maternelles de Nathalie Stutzmann.

Retour à l’opéra avec le motet In furore iustissimae irae, transcrit ici pour alto, qui transporte le Jugement dernier sur une scène de théâtre.

Les mystères de la Sinfonia « Al Santo Sepolcro », les décors vocaux du Concerto « Madrigalesco » font entendre une touche italienne que le violon de Georg Kallweit infuse avec brio aux Berlinois, décidément de plus en plus chez eux dans la lagune.

LE DISQUE DU JOUR

Sacro furore

Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concerto pour cordes en sol mineur, RV 157
Nisi Dominus, RV 608
Sinfonia en si mineur, RV 169 « Al Santo Sepolcro »
Stabat Mater, RV 621
Concerto pour cordes en ré mineur, RV 129 « Madrigalesco »
In furore iustissimae irae, RV 626

Carlo Vistoli, contre-ténor
Akademie für Alte Musik Berlin
Georg Kallweit, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902383
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Photo à la une : le contre-ténor Carlo Vistoli –
Photo : © DR