Ici, Evgeni Koroliov ne retranche de la roideur du premier volet : les Partitas sont pour lui des ateliers futuristes, il reste indifférent à l’esprit des danses, ne veut voir que les notes, les polyphonies, joue en blanc et noir, éloignant l’esprit du clavecin et surtout ses couleurs.
Cette soif d’abstraction expose le génie textuel de ces trois Partitas, souligne leur perfection formelle sans pour autant que le jeu du pianiste ne soit en rien formaliste : il y a dans cette roideur une forme d’aspiration à l’absolu que les micros parfaits des ingénieurs de Tacet capturent dans sa nudité même : pédale économe qui renforce encore la parfaite lisibilité de ce qui n’est pourtant jamais une lecture.
Je l’avoue, ce n’est pas mon Bach, mais l’altitude de ce regard, la perfection de la réalisation, l’exigence d’un intellect si musicien produisent comme un vertige, soudain les Partitas deviennent des objets abstraits, dont la pure beauté fascine, troublante quadrature du cercle qui ne pouvait s’incarner que sous les doigts d’un musicien dévolu corps et âme à Bach.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita pour clavier No. 4
en ré majeur, BWV 828
Partita pour clavier No. 3
en la mineur, BWV 827
Partita pour clavier No. 5
en sol majeur, BWV 829
Evgeni Koroliov, piano
Un album du label Tacet 266
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Photo à la une : le pianiste Evgeni Koroliov –
Photo : © Gela Megrelidze (2008)