Violoncelle des Lumières

Un premier volume s’était consacré à deux Concertos de Carl Philipp Emanuel Bach, le nouvel album en ajoute un troisième, celui en si bémol majeur, le plus galant, le plus mélodique des trois, qui demande au soliste de se croire à l’opéra.

Jean-Guihen Queyras ne dit pas non, d’autant que son splendide Gioffredo Cappa chante mieux que tout ce qui chante, mais dit aussi : il y a dans l’art déployé ici par Carl Philipp un usage du récitatif qui autorise toutes les nuances expressives, ce que l’orchestre soigné de Riccardo Minasi fait plus qu’accompagner : le dialogue est plus d’une fois l’élément central d’un discours subtil, aux méandres nombreux, tout le contraire du spectaculaire Concerto de Kraft, plein d’effets, de batteries, un des trop rares opus que le compositeur bohémien aura consenti à publier.

Etonnant contraste : si l’œuvre de Carl Philipp appartient encore à cet Aufklärung dont il raffine le vocabulaire, Kraft déploie une syntaxe nouvelle, bien plus aventureuse, dont les audaces sont ici savourées à égalité entre le violoncelliste et l’Ensemble Resonanz, tout un nouveau monde – le Romantisme se profile à l’horizon de ces écritures enflammées.

LE DISQUE DU JOUR

Antonín Kraft
(1749-1820)
Concerto pour violoncelle et orchestre en ut majeur,
Op. 4

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Concerto pour violoncelle et orchestre en si bémol majeur, H. 436, Wq. 171

Jean-Guihen Queyras, violoncelle
Ensemble Resonanz
Riccardo Minasi, direction

Un album du label harmonia mundi HMM902392
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Photo à la une : le violoncelliste Jean-Guihen Queyras –
Photo : © Marco Borggreve