Qu’aura appris Marin Marais de Monsieur de Sainte-Colombe ? Entre les mains de l’élève la viole aura parfait le chant du cygne que l’aîné avait initié, le faisant maître à l’égal du maître.

Revenu de leur grand voyage d’Angleterre – dix années de recherches et de disques – les amis de La Rêveuse replongent dans le Grand Siècle français, y retrouvant les nostalgies, le chant noble et pourtant vif, comme soudain un miroir de Purcell.

Les deux suites choisies dans l’univers Marais sont dites autant que chantées, avec leurs danses pleines d’ombres que Florence Bolton anime soudain de son archet de haut caractère qui se régale des éclats de la fabuleuse Fantaisie en la majeur, et emportent les variations des Folies d’Espagne – dommage que les amis n’aient pas gravé en regard la Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont !

Le plus saisissant de l’album ? Cette petite scène où l’on pourrait croire Orphée charmant les Enfers : le Tombeau des Regrets de Monsieur de Sainte-Colombe, si singulier, comme la plus belle preuve de son génie secret, de son art de l’intime.

LE DISQUE DU JOUR

Marin Marais (1656-1728)
Pièces de viole du Second livre (extraits : No. 96. Prélude ;
No. 98. Allemande ;
No. 101. Sarabande à l’Espagnol ; No. 102; Gigue ; No. 109. Tombeau pour Monsieur de Sainte-Colombe ; No. 82. Chaconne en rondeau ;
No. 22. Prélude ; No. 19. Ballet en rondeau ; No. 40. La Polonoise ;
No. 38. Cloches ou Carillon ;
No. 142. Fantaisie ; No. 20. Couplets de Folies « Folies d’Espagne » ;
No. 63. Les Voix humaines)
Monsieur de Sainte-Colombe (ca. 1640-ca. 1700)
Tombeau Les Regrets (Concert XLIV)
Robert de Visée (1652-1730)
Chaconne en sol majeur

La Rêveuse
Florence Bolton, basse de viole, direction
Benjamin Perrot, théorbe, guitare baroque, direction

Un album du label harmonia mundi HMM905356
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Photo à la une : les deux fondateurs de l’ensemble La Rêveuse –
Photo : © Robin Davis