Les deux grandes Sérénades à plein orchestre – la Gran Partita est un autre monde – ont connu de brillantes fortunes discographiques dès Karl Böhm, prémices que les ignorants abjurent aujourd’hui.
Pourtant il donnait ce cadre large, cette ampleur de symphonie qui ni Frans Brüggen ni Christopher Hogwood, y ajoutant les instruments d’époque, n’auront démenti. D’autres sont venus, Enrico Onofri et les Munichois tentant aujourd’hui une synthèse qui en agacera beaucoup : ne pas renoncer à l’ampleur symphonique mais en la pliant à cette lecture historiquement informée qui est devenue la règle.
Le Ravennois y ajoute le feu du théâtre, qui rappelle que ces Sérénades étaient des musiques de bal nocturne, des divertissements de plein air où le brio primait. Beaucoup de piment dans la Posthorn, plus d’élégance mais sans renoncer à la verdeur dans la Haffner où le violon impertinent d’Isabelle Faust s’invite, tout cela s’ébrouant dans ce vibrionnant ré majeur qui éclate dans les trois Marches mises en respirations enjouées entre les grands gestes des Sérénades, autant de parenthèses si délicieusement piquantes.
À part, et en ajout un peu incertain – la Serenata notturna aurait été mieux venue –, la Petite Musique de nuit semble en retrait, mais peu importe, la fête est ailleurs, si contagieuse.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
2 Marches en ré majeur,
K. 335∕320a
Sérénade No. 9 en ré majeur, K. 320 « Posthorn »
Sérénade No. 13 en sol majeur, K. 525 « Eine kleine Nachtmusik »
Marche en ré majeur,
K. 249
Sérénade No. 7 en ré majeur, K. 250 « Haffner »
Isabelle Faust, violon
Münchener Kammerorchester
Enrico Onofri, direction
Un album du label harmonia mundi HMM 9053096.97
Acheter l’album sur le site du label harmonia mundi ou sur Amazon.fr ― Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com
Photo à la une : le violoniste et chef d’orchestre Enrico Onofri –
Photo : © Chico de Luigi